
Grand-Père

Depuis son plus jeune âge, un petit garçon partait
Avec son grand-père pour de longues promenades,
La main dans la main, ils étaient complices
Et ils s’aimaient beaucoup.
Mais le petit garçon qui grandissait,
Marchait de plus en plus vite,
Et depuis quelque temps, le grand-père, lui,
Marchait de moins en moins vite.
La canne qui autrefois faisait seulement
Partie de sa tenue de randonnée,
Lui était devenue une aide
Dont il ne pouvait guère se passer.
A son petit-fils qui s’en inquiétait,
le pépé avait dit : « C’est normal mon petit bonhomme, bientôt,
Je pourrai cueillir ma dernière fleur,
Elle commence à pousser.
Puis l’automne est venu, et le grand-père
N’est plus guère sorti que dans son jardin,
Proche de sa maison, pour contempler
Pensivement ses rosiers.
Tu sais mon petit, avait-il dit, la mort n’existe pas,
Vois ces rosiers aux troncs secs et noueux
Comme des pieds de vigne,
Tu les crois morts, et bien, au printemps,
Tu les verras bourgeonner comme jamais.
Pour nous les hommes, qui faisons aussi partie
De cette nature, c’est un peu la même chose.
En levant sa canne vers le ciel, il avait même ajouté :
Tu vois mon petit, je vais te confier un secret.
Bientôt, très bientôt, je pourrai cueillir ma dernière fleur,
Je le sais, elle a presque fini de pousser, ce sera la plus belle,
Et alors, je pourrai fermer mes yeux maintenant fatigués.
Le petit bonhomme, qui n’avait pas très bien compris,
N’avait rien répondu.
Mais aujourd’hui, alors qu’il a grandi,
Il voudrait simplement vous dire :
Ne soyez pas tristes, ne pleurez pas, votre pépé n’est pas disparu,
Il vient simplement de cueillir la plus belle des fleurs,
La fleur du souvenir, celle qui restera, toujours, épanouie, au fond de notre cœur.